Page:Malot - Cara, 1878.djvu/171

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ces malheureux. Voulez-vous que nous causions ?

— Volontiers, si cela ne vous fatigue pas.

— Au contraire, cela occupera mon esprit et l’empêchera de s’égarer. Mais puisque vous voulez bien causer, vous déplairait-il de vous rapprocher, vous êtes à une telle distance que nous aurons peine à nous entendre.

Il se leva, et prenant la chaise sur laquelle il était assis il se rapprocha du lit.

— Asseyez-vous donc dans ce fauteurl, dit-elle, et laissez cette chaise.

Et de la main elle lui indiqua un fauteurl placé tout contre le lit et de telle sorte qu’une fois assis là ils se trouveraient en face l’un de l’autre.

— Et maintenant, dit-elle, lorsqu’il fut installé, une question, je vous prie. Comment vous nommez-vous ?

— Mais…

— Oh ! je ne vous demande pas votre grand nom, mais votre petit : au point où nous en sommes de notre connaissance, comment voulez-vous que je vous dise, monsieur Haupois-Daguillon ?

— Léon.

— Et moi Hortense, car vous pensez bien que ce nom de Cara qu’on me donne dans le monde n’est pas le mien. Maintenant nous serons plus à notre aise. Voulez-vous être Léon pour moi et voulez-vous que je sois Hortense pour vous ?

— Cela est convenu.

— Eh bien, mon cher Léon, j’ai une demande à vous adresser, c’est celle qui commence la plupart des contes des Mille et une Nuits : « Vous contez si bien, contez-moi donc une histoire. »