Page:Malot - Cara, 1878.djvu/185

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rément un des hommes d’affaires les plus habiles de Paris, ta vie le prouve, car après avoir commencé par être l’avocat des actrices, des cocottes et des comtesses du demi-monde, ce qui personnellement avait des agréments, mais ce qui pécuniairement ne valait rien, tu es devenu l’avocat, c’est-à-dire, le conseil des gens de la finance et de la spéculation ; au lieu de plaider simplement pour eux comme tes confrères, tu as fait leurs affaires, tu as été les arranger à Constantinople, à Vienne, à Londres, partout ; il paraît que cela n’est pas permis dans votre corporation ; tu t’es moqué de ce qui était défendu ou permis, tu as été récompensé de ton courage par la fortune, la grosse fortune que tu es en train d’acquérir. Aujourd’hui, quand on parle de Riolle à quelqu’un, on vous répond invariablement : « C’est un malin ». Tu as la réputation de connaître ton Paris comme pas un. Eh bien, je viens à toi, et tu me réponds que tu ne peux pas me répondre !

Riolle se mit à rire de son rire chafouin en ouvrant largement ses lèvres minces, ce qui découvrit ses dents pointues comme celles d’un chat.

— Que tu es bien femme, dit-il, une idée te passe par la cervelle et tout de suite il faut qu’on la satisfasse ; que ne m’as-tu dit hier qu’il te fallait des renseignements précis sur la maison Haupois-Daguillon, tu les aurais aujourd’hui.

— Hier, je n’y pensais pas.

— Eh bien, donne-moi jusqu’à ce soir et je te promets de te les porter précis et circonstanciés, tels que tu les veux en un mot.

— Ce soir c’est impossible.

— Tu es cruelle.