Page:Malot - Cara, 1878.djvu/202

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pas souffrir que ces menaces soient mises à exécution ; si les 27, 500 francs que vous réclamez sont dus légitimement, je vous payerai demain ; voulez-vous attendre jusqu’à demain et d’ici là, vous contenter de mon engagement, de ma parole ?

— Votre engagement suffit, monsieur, je vous attendrai demain jusqu’à six heures.

Et, sans en dire davantage, il déposa sa carte sur le coin de la table, qui se trouvait à portée de sa main.

Cependant ce ne fût que le surlendemain que Léon paya ces 27, 500 francs, car il ne les avait pas et il fallut qu’il se les procurât, ce qui était assez embarrassant pour un homme qui, comme lui, n’avait pas des relations avec ceux qui prêtent ordinairement aux jeunes gens.

Heureusement, Cara lui vint en aide, elle connaissait un ancien cocher nommé Rouspineau, pour le moment marchand de fourrage rue de Suresnes et propriétaire de quelques chevaux de courses, qui procurait de l’argent, sans prélever de trop grosses commissions ni de trop gros intérêts, aux gens du monde riches et bien établis qui se trouvaient par hasard gênés.

Si Rouspineau avait eu les sommes qu’on lui demandait, il les aurait prêtées à 6 pour 100 seulement à M. Haupois-Daguillon puisqu’il n’y avait pas de risques à courir, mais il ne les avait pas, ces sommes, et l’argent était bien dur et bien difficile à trouver.

Bref, contre six billets s’élevant au chiffre total de 60, 000 francs, il put prêter à Léon une somme de 50, 000 francs, et encore fût-ce seulement pour entrer en affaire, car il y perdait. Bien entendu, sa perte eût été difficile à prouver, cependant son bénéfice n’était pas