Page:Malot - Cara, 1878.djvu/372

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des verres roses aux lunettes de l’homme qui l’aime, il n’y a qu’une autre femme qui peut changer ces verres, celle-là les remplace avec une extrême facilité, et de ce jour ce qui était rose devient noir pour lui, c’est d’un autre côté qu’il voit rose. Je vous ai dit ce que ma conscience m’inspirait. Je vous adjure en cette affaire de ne voir que l’intérêt de votre fils et son avenir : n’oubliez pas que vous ne trouverez pas facilement une jeune fille qui voudra accepter pour mari l’homme veuf de mademoiselle Hortense Binoche, dite Cara, laquelle ne sera pas morte.

— Je verrai Madeleine… dit M. Haupois.

Mais madame Haupois intervint de nouveau.

— Nous ne sommes pas en mesure de lever haut la tête ; pour moi je suis accablée ; Voyez Madeleine, mon cher Byasson, et dites-lui de ma part, de notre part, que nous n’aurons rien à refuser à celle qui nous aura rendu notre fils… si elle est digne de lui.

III

Pour qui connaissait comme Byasson l’orgueil de M. et de madame Haupois-Daguillon, c’était un point capital d’avoir obtenu qu’ils accepteraient Madeleine pour belle-fille si celle-ci leur rendait leur fils ; il s’était attendu à des luttes ; et celle qu’il avait dû soutenir avait été beaucoup moins vive qu’il n’avait craint quand l’idée