Page:Malot - Cara, 1878.djvu/373

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lui était venue de faire intervenir Madeleine pour l’opposer à Cara.

Cependant, pour avoir réussi de ce côté, tout n’était pas dit : maintenant il fallait voir ce que Madeleine répondrait ; accepterait-elle le rôle qu’il lui destinait ? Aimait-elle Léon ? Voudrait-elle pour mari d’un homme qui avait pris Cara pour femme ? Enfin consentirait-elle à abandonner le théâtre ?

Toutes ces questions se pressaient dans son esprit pendant qu’il se rendait de la rue Royale à la rue de Châteaudun, et il était obligé de reconnaître qu’elles étaient graves, très-graves.

Au nouméro qouarante-houit, comme disait Sciazziga, le concierge à qui il s’adressa pour demander mademoiselle Harol lui répondit de monter au troisième étage ; là, une femme de chambre à l’air distret et honnête lui ouvrit la porte et l’introduisit dans un petit salon très-convenable, qui n’avait que le défaut d’être beaucoup trop encombré ; en le meublant, Sciazziga, qui avait fait pendant son absence gérer sa maison de commerce, avait profité de cette occasion pour vendre très-cher à son élève une quantité de meubles dont celle-ci n’avait aucun besoin.

Byasson n’eut pas longtemps à attendre : presque aussitôt Madeleine parut et vint à lui les deux mains tendues :

— Cher monsieur Byasson, dit-elle de sa belle voix harmonieuse et tendre, combien je suis heureuse de vous voir et que je vous remercie de m’avoir fait passer votre carte hier ! me pardonnez-vous ma réponse ?

— Ce serait moi, ma chère enfant, qui devrait vous demander si vous me pardonnez ma visite.