Page:Malot - Cara, 1878.djvu/81

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— Tu crois cela, petite cousine, tu as tort, il ne faut pas être si pessimiste : il y a, tu peux m’en croire, des hommes qui cherchent dans une femme autre chose que la fortune, et qui se laissent toucher par la beauté, par la grâce, par les qualités de l’esprit et de l’âme…

Il avait prononcé ces paroles avec élan, il s’arrêta, et reprenant le ton enjoué :

— Comme dans la collection de Camille il peut y avoir des hommes ainsi faits, je ne veux pas qu’elle te les propose, car je me réserve de te marier…

Elle le regarda interdite, ne sachant évidemment que penser de ces paroles et cherchant leur sens.

Il continua en souriant :

— Plus tard, à mon retour, nous parlerons de cela ; aussi ne permets à personne de t’en parler, n’est-ce pas, ou bien si l’on t’en parle malgré toi, écris-moi. Je sais bien qu’il n’est pas convenable qu’une jeune fille écrive ainsi, même à son cousin ; mais dans une circonstance aussi grave, ce ne serait pas à ton cousin que tu écrirais, ce serait à… ce serait à ton frère. Me le promets-tu ?

Il lui tendit la main, elle lui donna la sienne.

— Maintenant, dit-il, j’ai encore quelque chose à te demander. Je voudrais emporter un souvenir de mon oncle… et de toi, qui ne me quitterait pas. Veux-tu me donner le petit médaillon qui était suspendu à la chaîne de mon oncle et dans lequel se trouve l’émail fait d’après ton portrait quand tu étais petite fille ?

— Si je veux, ah ! de tout cœur !

Et vivement elle courut chercher ce médaillon qu’elle tendit à Léon.

— Merci, dit-il.