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EN FAMILLE.

— Et c’est de votre idée que vous êtes venue de Paris à Maraucourt ?

— On m’a dit que je trouverais peut-être du travail à Maraucourt, et au lieu de continuer ma route pour aller au pays des parents qui me restent, j’ai voulu voir Maraucourt, parce que les parents, tant qu’on ne les connaît pas, on ne sait pas comment ils vous recevront.

— C’est bien vrai ; s’il y en a de bons, il y en a de mauvais.

— Voilà.

— Eh bien, ne vous élugez point, vous trouverez du travail aux usines ; ce n’est pas une grosse journée dix sous, mais c’est tout de même quelque chose, et puis vous pourrez arriver jusqu’à vingt-deux sous. Je vais vous demander quelque chose ; vous répondrez si vous voulez ; si vous ne voulez pas vous ne répondrez pas ; avez-vous de l’argent ?

— Un peu.

— Eh bien, si ça vous convient de loger chez mère Françoise, ça vous coûtera vingt-huit sous par semaine en payant d’avance.

— Je peux payer vingt-huit sous.

— Vous savez, je ne vous promets pas une belle chambre pour vous toute seule à ce prix-là ; vous serez six dans la même, mais enfin vous aurez un lit, des draps, une couverture ; tout le monde n’en a pas.

— J’accepte en vous remerciant.

— Il n’y a pas que des gens à vingt-huit sous la semaine qui logent chez ma grand’mère ; nous avons aussi, mais dans notre maison neuve, de belles chambres pour nos pension-