« Dépêche té donc, caleuse, en v’là eine affaire pour aller à Picquigny, tu t’auras assez câliné.
— C’est ma tante Zénobie, dit Rosalie à mi-voix, elle n’est pas toujours commode.
— Qué que tu chuchottes ?
— Je dis que si on ne m’avait pas aidé à porter le panier, je ne serais pas arrivée.
— Tu ferais mieux ed’ d’te taire, arkanseuse. »
Comme ces paroles étaient jetées sur un ton criard, une grosse femme se montra dans le corridor.
« Qu’est-ce que vos avé core à argouiller ? demanda-t-elle.
— C’est tante Zénobie qui me reproche d’être en retard grand’mère ; il est lourd le panier.
— C’est bon, c’est bon, dit la grand’mère placidement, pose là ton panier, et va prendre ton fricot sur le potager, tu le trouveras chaud.
— Attendez-moi dans la cour, dit Rosalie à Perrine, je reviens tout de suite, nous dînerons ensemble ; allez acheter votre pain ; le boulanger est dans la troisième maison à gauche ; dépêchez-vous. »
Quand Perrine revint, elle trouva Rosalie assise devant une table installée à l’ombre d’un pommier, et sur laquelle étaient posées deux assiettes pleines d’un ragoût aux pommes de terre.
« Asseyez-vous, dit Rosalie, nous allons partager mon fricot.
— Mais…
— Vous pouvez accepter ; j’ai demandé à mère Françoise, elle veut bien. »