« Elle est tombée.
— Si elle pouvait ne pas se relever.
— Elle dormirait aussi ben dans l’escalier qu’ici.
— Et nous dormirions mieux. »
Les gémissements continuaient mêlés d’appels.
« Viens donc, Laïde : un p’tit coup de main, m’n’éfant.
— Plus souvent que je vas y aller.
— Ohé Laïde, Laïde ! »
Mais Laïde n’ayant pas bougé, au bout d’un certain temps les appels cessèrent.
« Elle s’endort.
— Quelle chance. »
Elle ne s’endormait pas du tout ; au contraire elle essayait à nouveau de monter l’escalier, et elle criait :
« Laïde, viens me donner la main, m’n’éfant, Laïde, Laïde. »
Elle n’avançait pas évidemment, car les appels partaient toujours du bas de l’escalier de plus en plus pressants à chaque cri, si bien qu’ils finirent par s’accompagner de larmes :
« Ma p’tite Laïde, ma p’tite Laïde, p’tite, p’tite ; l’escalier s’enfonce, oh ! la ! la ! »
Un éclat de rire courut de lit en lit.
« C’est-y que t’es pas rentrée, Laïde, dis, dis Laïde, dis ; je vas aller te qu’ri.
— Nous v’là tranquilles, dit une voix.
— Mais non, elle va chercher Laïde qu’elle ne trouvera pas, et quand elle reviendra dans une heure ça recommencera.
— On ne dormira donc jamais !