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EN FAMILLE.

l’ingénieur, Bendit, Mombleux et d’autres que Rosalie lui nomma.

Cependant la cohue s’était éclaircie, et maintenant ceux qui arrivaient couraient, car l’heure allait sonner.

« Je crois bien que les jeunes vont être en retard », dit Rosalie à mi-voix.

L’horloge sonna, il y eut une dernière poussée, puis quelques retardataires parurent à la queue leu leu, essoufflés, et la rue se trouva vide ; cependant Talouel ne quitta pas sa place et, les mains dans les poches, il continua à regarder au loin, la tête haute.

Quelques minutes s’écoulèrent, puis apparut un grand jeune homme qui n’était pas un ouvrier, mais bien un monsieur, beaucoup plus monsieur même par ses manières et sa tenue soignée que l’ingénieur et les employés ; tout en marchant à pas hâtés il nouait sa cravate, ce qu’il n’avait pas eu le temps de faire évidemment.

Quand il arriva devant le directeur, celui-ci ôta son chapeau comme il l’avait fait pour M. Vulfran, mais Perrine remarqua que les deux saluts ne se ressemblaient en rien.

« Monsieur Théodore, je vous présente mon respect », dit Talouel.

Mais bien que cette phrase fût formée des mêmes mots que celle qu’il avait adressée à M. Vulfran, elle ne disait pas du tout la même chose, cela était évident aussi.

« Bonjour, Talouel. Est-ce que mon oncle est arrivé ?

— Mon Dieu oui, monsieur Théodore, il y a bien cinq minutes.

— Ah !