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EN FAMILLE.

et elle pourrait balayer son appartement ; qu’elle coupât une botte de fougères sèches et elle pourrait se faire un bon lit doux et chaud.

Oubliant la fatigue qui, pendant les dernières heures de son travail, avait si lourdement pesé sur elle, elle se mit tout de suite à l’ouvrage : promptement le balai fut réuni, lié avec un brin d’osier, emmanché d’un bâton ; non moins vite la botte de fougère fut coupée et serrée dans une hart de saule de façon à pouvoir être facilement transportée dans l’aumuche.

Pendant ce temps les derniers retardataires avaient passé dans le chemin, maintenant désert aussi loin qu’elle pouvait voir et silencieux ; le moment était donc venu de se rapprocher du sentier de l’oseraie. Ayant chargé la botte de fougère sur son dos et pris son balai à la main, elle descendit du taillis en courant, et en courant aussi traversa le chemin. Mais dans le sentier, il fallut qu’elle ralentît cette allure, car la botte de fougère s’accrochait aux branches et elle ne pouvait la faire passer qu’en se baissant à quatre pattes.

Arrivée dans l’îlot, elle commença par sortir ce qui se trouvait dans l’aumuche, c’est-à-dire le billot et la fougère, puis elle se mit à tout balayer, le plafond, les parois, le sol ; et alors, sur l’étang comme dans les roseaux, s’élevèrent des vols bruyants, des piaillements, des cris de toutes les bêtes que ce remue-ménage troublait dans leur tranquille possession de ces eaux et de ces rives où depuis longtemps ils étaient maîtres.

L’espace était si étroit qu’elle eut vite achevé son nettoyage, si consciencieusement qu’elle le fît, et elle n’eut plus qu’à rentrer le billot ainsi que la vieille fougère en la recouvrant de la