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Page:Malot - En famille, 1893.djvu/24

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EN FAMILLE.

— Votre prix d’été ?

— Mon prix d’été.

— Il pourra manger les chardons ?

— Et l’herbe aussi, s’il a les dents assez solides.

— Nous ne pouvons pas payer à la semaine, puisque nous ne resterons pas une semaine, mais au jour seulement ; nous passons par Paris pour aller à Amiens, et nous voulons nous reposer.

— Alors, ça va tout de même ; six sous par jour pour la roulotte, trois sous pour l’âne. »

Elle fouilla dans sa jupe, et, un à un, elle en tira neuf sous :

« Voilà la première journée.

— Tu peux dire à tes parents d’entrer. Combien sont-ils ? Si c’est une troupe, c’est deux sous en plus par personne.

— Je n’ai que ma mère.

— Bon. Mais pourquoi ta mère n’est-elle pas venue faire sa location ?

— Elle est malade, dans la voiture.

— Malade. Ce n’est pas un hôpital ici. »

Elle eut peur qu’on ne voulût pas recevoir une malade.

« C’est-à-dire qu’elle est fatiguée. Vous comprenez, nous venons de loin.

— Je ne demande jamais aux gens d’où ils viennent. »

Il étendit le bras vers un coin de son champ :

« Tu mettras ta roulotte là-bas, et puis tu attacheras ton âne ; s’il m’écrase un chien, tu me le payeras cent sous. »

Comme elle allait s’éloigner, il l’appela :

« Prends un verre de vin.