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EN FAMILLE.

— Je vous remercie, je ne bois pas de vin.

— Bon, je vas le boire pour toi. »

Il se jeta dans le gosier le verre qu’il avait versé, et se remit au tri de ses chiffons, autrement dit à son « triquage ».

Aussitôt qu’elle eut installé Palikare à la place qui lui avait été assignée, ce qui ne se fit pas sans certaines secousses, malgré le soin qu’elle prenait de les éviter, elle monta dans la roulotte :

« À la fin, pauvre maman, nous voilà arrivées.

— Ne plus remuer, ne plus rouler ! Tant et tant de kilomètres ! Mon Dieu, que la terre est grande !

— Maintenant que nous avons le repos, je vais te faire à dîner. Qu’est-ce que tu veux ?

— Avant tout, détèle ce pauvre Palikare, qui, lui aussi, doit être bien las ; donne-lui à manger, à boire ; soigne-le.

— Justement, je n’ai jamais vu autant de chardons ; de plus, il y a un puits. Je reviens tout de suite. »

En effet, elle ne tarda pas à revenir et se mit à chercher çà et là dans la voiture d’où elle sortit le fourneau en terre, quelques morceaux de charbon et une vieille casserole, puis elle alluma le feu avec des brindilles et le souffla, en s’agenouillant devant, à pleins poumons.

Quand il commença à prendre, elle remonta dans la voiture :

« C’est du riz que tu veux, n’est-ce pas ?

— J’ai si peu faim.

— Aurais-tu faim pour autre chose ? J’irai chercher ce que tu voudras. Veux-tu ?…