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EN FAMILLE.

fleur de nénuphar qui sur cette fraîche verdure jetait sa blancheur éblouissante.

« Si vous voulez vous asseoir », dit Perrine en lui tendant la main.

Et quand elles eurent pris place en face l’une de l’autre, le dîner commença.

« Comme j’aurais été fâchée de n’être pas venue, dit Rosalie, parlant la bouche pleine, c’est si joli et si bon.

— Pourquoi donc ne seriez-vous pas venue ?

— Parce qu’on voulait m’envoyer à Picquigny pour M. Bendit qui est malade.

— Qu’est-ce qu’il a, M. Bendit ?

— La fièvre typhoïde ; il est très malade, à preuve que depuis hier il ne sait pas ce qu’il dit, et ne reconnaît plus personne ; c’est pour cela qu’hier justement j’ai été pour venir vous chercher.

— Moi ! Et pourquoi faire ?

— Ah ! voilà une idée que j’ai eue.

— Si je peux quelque chose pour M. Bendit, je suis prête : il a été bon pour moi ; mais que peut une pauvre fille ? Je ne comprends pas.

— Donnez-moi encore un peu de poisson, avec du cresson, et je vais vous l’expliquer. Vous savez que M. Bendit est l’employé chargé de la correspondance étrangère, c’est lui qui traduit les lettres anglaises et allemandes. Comme maintenant il n’a plus sa tête, il ne peut plus rien traduire. On voulait faire venir un autre employé pour le remplacer ; mais comme celui-là pourrait bien garder la place quand M. Bendit sera guéri, s’il guérit, M. Fabry et M. Mombleux ont proposé de se