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Page:Malot - En famille, 1893.djvu/268

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EN FAMILLE.

dans la carrière, elle trouva Perrine assise devant son feu sur lequel la soupe bouillait :

« Je vous ai attendue pour mêler le jaune d’œuf à la soupe, dit Perrine, vous n’aurez qu’à tourner avec votre bonne main pendant que je verserai doucement le bouillon ; le pain est taillé. »

Bien que Rosalie eût fait toilette pour ce dîner, elle ne craignit pas de se prêter à ce travail qui était un jeu, et des plus amusants pour elle encore.

Bientôt la soupe fut achevée, et il n’y eut plus qu’à la porter dans l’île, ce que fit Perrine.

Pour recevoir sa camarade qui tenait encore sa main en écharpe, elle avait rétabli la planche servant de pont :

« Moi, c’est à la perche que j’entre et sors, dit-elle, mais cela n’eût pas été commode pour vous, à cause de votre main. »

La porte de l’aumuche ouverte, Rosalie ayant aperçu dressées dans les quatre coins des gerbes de fleurs variées, l’une de massettes, l’autre de butomes rosés, celle-ci d’iris jaunes, celle-là d’aconit aux clochettes bleues, et à terre le couvert mis, poussa une exclamation qui paya Perrine de ses peines.

« Que c’est joli ! »

Sur un lit de fougère fraîche deux grandes feuilles de patience se faisaient vis-à-vis en guise d’assiettes et sur une feuille de berce beaucoup plus grande, comme il convient pour un plat, la perche était dressée entourée de cresson ; c’était une feuille aussi, mais plus petite, qui servait de salière, comme c’en était une autre qui remplaçait le compotier pour les groseilles à maquereau ; entre chaque plat était piquée une