cimetière il me restait cinq francs trente-cinq centimes, qui ne me permettaient pas de prendre le chemin de fer. Alors je me décidai à faire la route à pied. »
M. Vulfran eut un mouvement dans les doigts dont elle ne comprit pas la cause :
« Pardonnez-moi si je vous ennuie, monsieur, je dis sans doute des choses inutiles.
— Tu ne m’ennuies pas ; au contraire, je suis content de voir que tu es une brave fille ; j’aime les gens de volonté, de courage, de décision, qui ne s’abandonnent pas ; et si j’ai plaisir à rencontrer ces qualités chez des hommes, j’en ai un plus grand encore à les trouver chez une enfant de ton âge. Te voilà donc partie avec cent sept sous dans ta poche…
— Un couteau, un morceau de savon, un dé, deux aiguilles, du fil, une carte routière ; c’est tout.
— Tu sais te servir d’une carte ?
— Il faut bien quand on roule par les grands chemins ; c’était tout ce que j’avais sauvé du mobilier de notre voiture. »
Il l’interrompit :
« Nous avons un grand arbre sur notre gauche, n’est-ce pas ?
— Avec un banc autour, oui, monsieur.
— Allons-y ; nous serons mieux sur ce banc. »
Quand ils furent assis, elle continua son récit, qu’elle n’eut plus souci d’abréger, car elle voyait qu’il intéressait M. Vulfran.
« Tu n’as pas eu l’idée de tendre la main ? demanda-t-il,