quand elle en fut à sa sortie de la forêt où l’orage avait fondu sur elle.
— Non, monsieur, jamais.
— Mais sur quoi as-tu compté quand tu as vu que tu ne trouvais pas d’ouvrage ?
— Sur rien ; j’ai espéré qu’en allant tant que j’aurais des forces, je pouvais me sauver ; c’est quand j’ai été à bout, que je me suis abandonnée, parce que je ne pouvais plus ; si j’avais faibli une heure plus tôt j’étais perdue. »
Elle raconta alors comment elle était sortie de son évanouissement sous les léchades de son âne, et comment elle avait été secourue par la marchande de chiffons ; puis passant vite sur le temps pendant lequel elle était restée avec La Rouquerie, elle en vint à la rencontre qu’elle avait faite de Rosalie.
« En causant, dit-elle, j’appris que dans vos usines on donne du travail à tous ceux qui en demandent, et je me décidai à me présenter ; on voulut bien m’envoyer aux cannetières.
— Quand vas-tu te remettre en route ? »
Elle ne s’attendait pas à cette question qui l’interloqua :
« Mais je ne pense pas à me remettre en route, répondit-elle après un moment de réflexion.
— Et tes parents ?
— Je ne les connais pas ; je ne sais pas s’ils sont disposés à me faire bon accueil, car ils étaient fâchés avec mon père. J’allais près d’eux, parce que je n’ai personne à qui demander protection, mais sans savoir s’ils voudraient m’accueillir. Puisque je trouve à travailler ici, il me semble que le mieux pour moi est de rester ici. Que deviendrais-je si on me