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Page:Malot - En famille, 1893.djvu/362

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EN FAMILLE.

— Ces renseignements, s’écria M. Vulfran.

— Mais, monsieur, je n’en suis pas encore là. »

Bien que cette réponse eût été faite sur le ton d’une extrême douceur, il sentit qu’il ne gagnerait rien à la bousculer.

« Tu as raison, dit-il, ce n’est pas une lettre française que tu lis ; il faut que tu la comprennes avant de me l’expliquer. Voilà ce que tu vas faire : tu vas prendre cette lettre et aller dans le bureau de Bendit ; où tu la traduiras aussi fidèlement que possible, en écrivant ta traduction que tu me liras. Ne perds pas une minute. J’ai hâte, tu le vois, de savoir ce qu’elle contient. »

Elle s’éloignait, il la retint :

« Écoute bien. Il s’agit, dans cette lettre, d’affaires personnelles qui ne doivent être connues de personne ; tu entends, de personne ; quoi qu’on te demande, s’il se trouve quelqu’un qui ose t’interroger, tu ne dois donc rien dire, non seulement ne rien dire, mais même ne laisser rien deviner. Tu vois la confiance que je mets en toi ; je compte que tu t’en montreras digne ; si tu me sers fidèlement, sois certaine que tu t’en trouveras bien.

— Je vous promets, monsieur, de tout faire pour mériter cette confiance.

— Va vite et fais vite. »

Malgré cette recommandation, elle ne se mit pas tout de suite à écrire sa traduction, mais elle lut la lettre d’un bout à l’autre, la relut, et ce fut seulement après cela qu’elle prit une grande feuille de papier et commença.