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EN FAMILLE.


« Dakka, 29 mai.
« Très honoré monsieur,

« J’ai le vif chagrin de vous apprendre que nous avons eu la douleur de perdre notre révérend père Leclerc à qui vous aviez bien voulu demander certains renseignements, auxquels vous paraissez attacher une importance qui me décide à vous répondre à sa place, en m’excusant de n’avoir pas pu le faire plus tôt, empêché que j’ai été par des voyages dans l’intérieur, et retardé d’autre part par les difficultés, qu’après plus de douze ans écoulés, j’ai éprouvées à réunir ces renseignements d’une façon un peu précise ; je fais donc appel à toute votre bienveillance, pour qu’elle me pardonne ce retard involontaire, et aussi de vous écrire en anglais ; la connaissance imparfaite de votre belle langue en est seule la cause. »

Après avoir écrit cette phrase qui était véritablement longue, comme elle l’avait dit à M. Vulfran, et qui par cela seul présentait de réelles difficultés pour être mise au net, elle s’arrêta pour la relire et la corriger. Elle s’y appliquait de toutes les forces de son attention quand la porte de son bureau, qu’elle avait fermée, s’ouvrit devant Théodore Paindavoine qui entra et lui demanda un dictionnaire anglais-français.

Justement elle avait ce dictionnaire ouvert devant elle ; elle le ferma et le tendit à Théodore.

« Ne vous en serviez-vous pas ? dit celui-ci en venant près d’elle.

— Oui, mais je peux m’en passer.