voulait la lui faire payer, comment lutterait-elle, misérable sans défense, contre un ennemi qui était tout-puissant ? Au premier coup qu’il lui porterait, elle serait brisée. Et alors il faudrait qu’elle quittât cette maison, où elle n’aurait que passé.
À ce moment sa porte s’ouvrit de nouveau, doucement poussée, et Talouel entra à pas glissés, les yeux fixés sur le pupitre où la lettre et son commencement de traduction se trouvaient étalés.
« Eh bien, cette traduction de la lettre de Dakka, ça marche-t-il ?
— Je ne fais que commencer.
— M. Théodore t’a dérangée. Qu’est-ce qu’il voulait ?
— Un dictionnaire anglais-français.
— Pourquoi faire ? il ne sait pas l’anglais.
— Il ne me l’a pas dit.
— Il ne t’a pas demandé ce qu’il y a dans cette lettre ?
— Je n’en suis qu’à la première phrase.
— Tu ne vas pas me faire croire que tu ne l’as pas lue.
— Je ne l’ai pas encore traduite.
— Tu ne l’as pas écrite en français, mais tu l’as lue. »
Elle ne répondit pas.
« Je te demande si tu l’as lue ; tu me répondras peut-être.
— Je ne peux pas répondre.
— Parce que ?
— Parce que M. Vulfran m’a défendu de parler de cette lettre.
— Tu sais bien que M. Vulfran et moi nous ne faisons qu’un. Tous les ordres que M. Vulfran donne ici passent par