« Donnez donc ce brouillon, est-ce que vous me croyez homme à faire le maître d’école avec une jolie jeune fille comme vous ?
— Non, monsieur, c’est impossible.
— Allons donc. »
Et il voulut le prendre en riant ; mais elle résista.
« Non, monsieur, non, je ne vous le laisserai pas prendre.
— C’est une plaisanterie.
— Pas pour moi, rien n’est plus sérieux : M. Vulfran m’a défendu de laisser voir cette lettre par personne, j’obéis à M. Vulfran.
— C’est moi qui l’ai ouverte.
— La lettre en anglais n’est pas la traduction.
— Mon oncle va me la montrer tout à l’heure cette fameuse traduction.
— Si monsieur votre oncle vous la montre, ce ne sera pas moi ; il m’a donné ses ordres, j’obéis, pardonnez-le-moi. »
Il y avait tant de résolution dans son accent et dans son attitude que bien certainement pour avoir cette feuille de papier, il faudrait la lui prendre de force ; et alors ne crierait-elle point ?
Théodore n’osa pas aller jusque-là :
« Je suis enchanté de voir, dit-il, la fidélité que vous montrez pour les ordres de mon oncle, même dans les choses insignifiantes. »
Lorsqu’il eut refermé la porte, Perrine voulut se remettre au travail, mais elle était si bouleversée que cela lui fut impossible. Qu’allait-il advenir de cette résistance, dont il se disait enchanté quand au contraire il en était furieux ? S’il