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Page:Malot - En famille, 1893.djvu/396

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EN FAMILLE.

prendre fin ; plus l’épreuve serait courte, mieux cela vaudrait, le lendemain la curiosité satisfaite des domestiques la laisserait tranquille sans doute.

« Maintenant tu es libre jusqu’à demain matin, dit M. Vulfran en se levant de table, tu peux te promener dans le jardin au clair de la lune, lire dans la bibliothèque ou emporter un livre dans ta chambre. »

Elle était embarrassée, se demandant si elle ne devait pas proposer à M. Vulfran de se tenir à sa disposition. Comme elle restait hésitante, elle vit Bastien lui faire des signes silencieux que tout d’abord elle ne comprit pas : de la main gauche il paraissait tenir un livre qu’il feuilletait de la droite, puis, s’interrompant, il montrait M. Vulfran en remuant les lèvres avec une physionomie animée. Tout à coup elle crut qu’il lui expliquait qu’elle devait demander à M. Vulfran de lui faire la lecture ; mais comme elle avait déjà eu cette idée, elle eut peur de traduire la sienne plutôt que celle de Bastien ; cependant elle se risqua :

« Mais n’avez-vous pas besoin de moi, monsieur ? Ne voulez-vous pas que je vous fasse la lecture ? »

Elle eut la satisfaction de voir Bastien l’applaudir par de grands mouvements de tête : elle avait deviné, c’était bien cela qu’elle devait dire.

« Il convient que quand on travaille, on ait ses heures de liberté, répondit M. Vulfran.

— Je vous assure que je ne suis pas fatiguée du tout.

— Alors, dit-il, suis-moi dans mon cabinet. »

C’était une vaste pièce sombre, qu’un vestibule séparait de la salle à manger, et à laquelle conduisait un chemin