en toile qui permettait à M. Vulfran de marcher franchement, puisqu’il ne pouvait s’égarer et qu’il avait dans la tête comme dans les jambes le juste sentiment des distances.
Perrine s’était plus d’une fois demandé à quoi M. Vulfran passait son temps lorsqu’il était seul, puisqu’il ne pouvait pas lire ; mais cette pièce, lorsqu’il eut pressé un bouton d’éclairage, ne répondit rien à cette question ; pour meubles, une grande table chargée de papiers, des cartonniers, des sièges, et c’était tout ; devant une fenêtre un grand fauteuil voltaire, mais sans rien autour. Cependant l’usure de la tapisserie qui le recouvrait, semblait indiquer que M. Vulfran devait y rester assis pendant de longues heures, en face du ciel dont il ne voyait même pas les nuages.
« Que me lirais-tu bien ? » demanda-t-il.
Des journaux étaient sur la table enveloppés de leurs bandes multicolores.
« Un journal, si vous voulez.
— Moins on donne de temps aux journaux, mieux cela vaut. »
Elle n’avait rien à répondre, n’ayant dit cela que pour proposer quelque chose.
« Aimes-tu les livres de voyage ? demanda-t-il.
— Oui, monsieur.
— Moi aussi ; ils amusent l’esprit en le faisant travailler. »
Puis, comme s’il se parlait à lui-même, sans qu’elle fût là pour l’entendre :
« Sortir de soi, vivre d’autres vies que la sienne. »
Mais après un moment de silence, revenant à elle :