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EN FAMILLE.

« Je m’en doutais, reprit-elle, c’est misérable, indigne de vous. »

Perrine suffoquée ne répondit rien.

« Vous avez de la chance, continua Mme  Bretoneux, que je sois venue à Maraucourt, et que je me charge de vous. »

Le mot qui monta aux lèvres de Perrine fut un refus : elle n’avait pas besoin qu’on se chargeât d’elle, surtout avec de pareils procédés ; mais elle eut la force de le refouler : elle avait un rôle à remplir, rien ne devait le lui faire oublier ; après tout, c’étaient les paroles de Mme  Bretoneux qui étaient mauvaises et dures, ses intentions, au contraire, s’annonçaient bonnes et généreuses.

« Je vais dire à mon frère, reprit Mme  Bretoneux, qu’il doit vous commander chez une couturière d’Amiens dont je lui donnerai l’adresse, la robe et le costume, qui vous sont indispensables, et de plus, chez une bonne lingère un trousseau complet. Fiez-vous-en à moi, vous aurez quelque chose de joli, qui à chaque instant, je l’espère au moins, me rappellera à votre souvenir. Là-dessus dormez bien, et n’oubliez rien de ce que je vous ai dit. »