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EN FAMILLE.

son cabinet, emporté, secoué par un accès de colère qu’elle n’avait pas encore vu.

Tout à coup il s’arrêta devant elle :

« Monte à ta chambre, dit-il, et plus jamais, tu entends, plus jamais, ne te permets de me parler de ces misérables ; car enfin de quoi te mêles-tu ? Qui t’a chargé de me tenir un pareil discours ? »

Un moment interdite, elle se remit :

« Oh ! personne, monsieur, je vous jure ; j’ai traduit, moi fille sans parents, ce que mon cœur me disait, me mettant à la place de votre petite-fille. »

Il se radoucit, mais ce fut encore d’un ton menaçant qu’il ajouta :

« Si tu ne veux pas que nous nous fâchions, désormais n’aborde jamais ce sujet, qui m’est, tu le vois, douloureux ; tu ne dois pas m’exaspérer.

— Pardonnez-moi, dit-elle la voix brisée par les larmes qui l’étouffaient, certainement j’aurais dû me taire.

— Tu l’aurais dû d’autant mieux que ce que tu as dit était inutile. »