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EN FAMILLE.

à toutes sortes de sollicitations plus ou moins malhonnêtes, c’était celle de son banquier à Amiens que M. Vulfran avait indiquée ; c’était donc celui-ci qui recevait les lettres que l’offre des mille francs provoquait, et qui les transmettait à Maraucourt.

Mais de ces lettres assez nombreuses, pas une seule n’était sérieuse ; la plupart provenaient d’agents d’affaires, qui s’engageaient à faire des recherches dont ils garantissaient le succès, si on voulait bien leur envoyer une provision indispensable aux premières démarches ; quelques-unes étaient de simples romans qui se lançaient dans une fantaisie vague promettant tout et ne donnant rien ; d’autres enfin racontaient des faits remontant à cinq, dix, douze ans ; aucune ne se renfermait dans les trois dernières années fixées par l’annonce, pas plus qu’elle ne fournissait l’indication précise demandée.

C’était Perrine qui lisait ces lettres ou les traduisait, et si nulles qu’elles fussent généralement, elles ne décourageaient pas M. Vulfran et n’ébranlaient pas sa foi :

« Il n’y a que l’annonce répétée qui produise de l’effet », disait-il toujours.

Et sans se lasser, il répétait les siennes.

Un jour enfin une lettre datée de Serajevo en Bosnie apporta une offre qui paraissait pouvoir être prise en considération : elle était en mauvais anglais, et disait que si on voulait déposer les quarante livres promises par l’insertion du Times, chez un banquier de Serajevo, on s’engageait à fournir des nouvelles authentiques de M. Edmond Paindavoine remontant au mois de novembre de la précédente année : au cas où l’on