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EN FAMILLE.

venu faire dans ce pays sauvage, au climat rude, où il n’y a ni commerce, ni industrie.

« Peut-être s’y trouvait-il simplement en passant, dit Perrine.

— Sans doute, et c’est un indice de plus pour prouver son prochain retour ; de plus s’il était là de passage, il semble vraisemblable qu’il n’était pas accompagné de sa femme et de sa fille, car la Bosnie n’est pas un pays pour les touristes ; donc il y aurait séparation entre eux. »

Comme elle ne répondait rien malgré l’envie qu’elle en avait, il s’en fâcha :

« Tu ne dis rien.

— C’est que je n’ose pas ne pas être d’accord avec vous.

— Tu sais bien que je veux que tu me dises tout ce que tu penses.

— Vous le voulez pour certaines choses, vous ne le voulez pas pour d’autres. Ne m’avez-vous pas défendu d’aborder jamais ce qui se rapporte à… cette jeune fille ? Je ne veux pas m’exposer à vous fâcher.

— Tu ne me fâcheras pas en disant les raisons pour lesquelles tu admets qu’elles ont pu venir en Bosnie.

— D’abord parce que la Bosnie n’est pas un pays inabordable pour des femmes, surtout quand ces femmes ont voyagé dans les montagnes de l’Inde qui ne ressemblent en rien pour les fatigues et les dangers à celles des Balkans. Et puis d’un autre côté, si M. Edmond ne faisait que traverser la Bosnie, je ne vois pas pourquoi sa femme et sa fille ne l’auraient pas accompagné, puisque les lettres que vous avez reçues des différentes contrées de l’Inde disent que partout elles étaient