Tous trois répondirent en même temps.
« J’apprends la mort de mon fils. Elle est certaine. Talouel, arrêtez partout et immédiatement le travail ; téléphonez qu’on affiche qu’il reprendra après demain, et que demain un service sera célébré dans les églises de Maraucourt, Saint-Pipoy, Hercheux, Bacourt et Flexelles.
— Mon oncle ! » s’écrièrent d’une même voix les deux neveux.
Mais il les arrêta :
« J’ai besoin d’être seul ; laissez-moi. »
Tout le monde sortit, Perrine seule resta.
« Aurélie, tu es là ? demanda M. Vulfran.
Elle répondit dans un sanglot.
« Rentrons au château. »
Comme toujours il avait posé sa main sur l’épaule de Perrine, et ce fut ainsi qu’ils sortirent au milieu du premier flot des ouvriers qui quittaient les ateliers : ils traversèrent ainsi le village où déjà la nouvelle courait de porte en porte, et chacun en les voyant passer se demandait s’il survivrait à cet écrasement ; comme il était déjà courbé, lui qui d’ordinaire marchait si solide, couché en avant comme un arbre que la tempête a brisé par le milieu de son tronc.
Mais cette question, Perrine se la posait avec plus d’angoisse encore, car aux secousses que de sa main il lui imprimait à l’épaule, elle sentait, sans qu’il prononçât une seule parole, combien profondément il était atteint.
Quand elle l’eut conduit dans son cabinet, il la renvoya :
« Explique pourquoi je veux être seul, dit-il, que personne n’entre, que personne ne me parle. »