Page:Malot - En famille, 1893.djvu/471

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
465
EN FAMILLE.

Elle s’avança vivement :

« Me voilà, monsieur.

— Montons en voiture. »

Elle eût voulu l’interroger, mais elle n’osa pas ; une fois assis en voiture, il s’affaissa et la tête inclinée en avant, il ne prononça pas un mot.

Au bas du perron des bureaux, Talouel se tenait prêt à le recevoir et à l’aider à descendre ; ce qu’il fit obséquieusement :

« Je suppose que vous vous êtes senti assez fort pour venir, dit-il d’une voix compatissante qui contrastait avec l’éclat de ses yeux.

— Je ne me suis pas senti fort du tout ; mais je suis venu parce que je devais venir.

— C’est ce que je voulais dire… »

M. Vulfran lui coupa la parole en appelant Perrine, et en se faisant conduire par elle à son cabinet.

Bientôt commença le dépouillement de la correspondance qui était volumineuse, comprenant les lettres de deux jours ; il le laissa se faire, sans une seule observation, un seul ordre, comme s’il était sourd ou endormi.

Ensuite venait la réunion des chefs de services, dans laquelle devait ce jour-là se décider une grosse question, qui engageait sérieusement les intérêts de la maison : devait-on vendre les grandes provisions de jute qu’on avait aux Indes et en Angleterre, en ne gardant que ce qui était indispensable à la fabrication courante des usines pendant un certain temps, ou bien devait-on faire de nouveaux achats ? en un mot se mettre à la hausse ou à la baisse ?

Habituellement les affaires de ce genre se traitaient avec