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EN FAMILLE.

Au centre du village se dressent d’autres toits rouges beaucoup plus hauts, plus longs, plus imposants : ce sont ceux d’un groupe de bâtiments à peine achevés dans lesquels sont établis des logements séparés, des réfectoires, des restaurants, des cantines, des magasins d’approvisionnement pour les ouvriers célibataires, hommes et femmes ; et pour ces bâtiments M. Vulfran a employé le même procédé d’expropriation que pour la crèche.

Précédemment se trouvaient là plusieurs vieilles maisons appropriées tant bien que mal, en réalité aussi mal que possible, au logement en chambrées des ouvriers et en cabinets. Il a fait appeler les propriétaires de ces maisons, et leur a tenu un langage à peu près analogue à celui dont il s’est déjà servi :

« Depuis longtemps on se plaint violemment des chambrées dans lesquelles vous couchez mes ouvriers, et c’est aux mauvaises conditions dans lesquelles sont établis ces logements qu’on attribue les maladies de poitrine et la fièvre typhoïde qui tuent tant de monde. Je ne peux pas tolérer cela plus longtemps. J’ai donc résolu de faire construire deux hôtels dans lesquels j’offrirai aux ouvriers célibataires, hommes et femmes, une chambre séparée et exclusive pour trois francs par mois. En même temps j’aménagerai les rez-de-chaussée en réfectoires et en restaurants où je donnerai un dîner composé de soupe, de ragoût ou de rôti, de pain et de cidre pour soixante-dix centimes. Si vous voulez me vendre vos maisons, j’élèverai mes hôtels sur leur emplacement. Si vous ne voulez pas, gardez-les. Ma combinaison est dans votre intérêt, car j’ai ailleurs des terrains où mes constructions me coûteront