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EN FAMILLE.

cées auraient été vivement et violemment refoulées dans les gosiers.

Ce dimanche-là, justement Fabry, parti depuis plusieurs jours pour une enquête dont M. Vulfran n’avait pas parlé à Perrine, et qu’il avait même paru vouloir tenir secrète, était attendu ; le matin il avait envoyé de Paris une dépêche ne contenant que ces quelques mots :

« Renseignements complets, pièces officielles, arriverai midi ».

Il était midi et demi, et il n’arrivait pas, ce qui contrairement à l’habitude avait provoqué l’impatience de M. Vulfran d’ordinaire plus calme.

Son déjeuner achevé plus promptement que de coutume, il était rentré dans son cabinet avec Perrine, et à chaque instant il allait à la fenêtre ouverte sur les jardins pour écouter.

« Il est étrange que Fabry n’arrive pas.

— Le train aura eu du retard. »

Mais il ne se rendait pas à cette raison et restait à la fenêtre d’où elle eût voulu l’arracher, car il se passait dans les jardins et dans le parc des choses dont elle ne voulait pas qu’il eût connaissance ; avec une activité plus qu’ordinaire les jardiniers achevaient d’entourer de treillages les corbeilles de fleurs, tandis que d’autres emportaient les plantes rares disséminées sur les pelouses ; les grilles d’entrée étaient grandes ouvertes et au delà du saut de loup, le Cercle des ouvriers était pavoisé de drapeaux et d’oriflammes, qui claquaient dans la brise de mer.

Tout à coup il pressa le bouton d’appel pour son valet de