« Voulez-vous me vendre une livre de pain ?
— Tu as de l’argent ? » demanda la boulangère à qui sa tenue n’inspirait pas confiance.
Elle mit sur le comptoir derrière lequel la boulangère était assise, sa pièce de cinq francs.
« Voici cinq francs ; je vous prie de me rendre la monnaie. »
Avant de couper la livre de pain qu’on lui demandait, la boulangère prit la pièce de cinq francs et l’examina.
« Qu’est-ce que c’est que ça ? demanda-t-elle en la faisant sonner sur le marbre du comptoir.
— Vous voyez bien c’est cinq francs.
— Qu’est-ce qui t’a dit d’essayer de me passer cette pièce ?
— Personne ; je vous demande une livre de pain pour mon dîner.
— Eh bien tu n’en auras pas de pain, et je t’engage à filer au plus vite si tu ne veux pas que je te fasse arrêter. »
Perrine n’était point en situation de tenir tête :
« Pourquoi m’arrêter ? balbutia-t-elle.
— Parce que tu es une voleuse…
— Oh ! madame.
— … Qui veut me passer une pièce fausse. Vas-tu te sauver, voleuse, vagabonde. Attends un peu que j’appelle un sergent de ville. »
Perrine avait conscience de n’être pas une voleuse, bien qu’elle ne sût pas si sa pièce était bonne ou fausse ; mais vagabonde elle l’était puisqu’elle n’avait ni domicile ni parents. Que répondrait-elle au sergent de ville ? Com-