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SANS FAMILLE


XIV


NEIGE ET LOUPS


Il fallut de nouveau emboîter le pas derrière mon maître et, la bretelle de ma harpe tendue sur mon épaule endolorie, cheminer le long des grandes routes, par la pluie comme par le soleil, par la poussière comme par la boue.

Il fallut faire la bête sur les places publiques et rire ou pleurer pour amuser l’honorable société.

La transition fut rude, car on s’habitue vite au bien-être et au bonheur.

J’eus des dégoûts, des ennuis et des fatigues que je ne connaissais pas avant d’avoir vécu pendant deux mois de la douce vie des heureux de ce monde.

Plus d’une fois, dans nos longues marches, je restai en arrière pour penser librement à Arthur, à madame Milligan, au Cygne, et par le souvenir, retourner et vivre dans le passé.

Ah ! le bon temps ! Et quand le soir, couché dans une sale auberge de village, je pensais à ma cabine