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Page:Malot - Sans famille, 1887, tome 1.djvu/238

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SANS FAMILLE

Ce sont d’adroits flatteurs que les Italiens ; le médecin abandonna bientôt la porte pour se rapprocher du lit.

Pendant que notre maître parlait, Joli-Cœur qui avait sans doute deviné que ce personnage à lunettes était un médecin, avait plus de dix fois sorti son petit bras, pour l’offrir à la saignée.

— Voyez comme ce singe est intelligent, il sait que vous êtes médecin, et il vous tend le bras pour que vous tâtiez son pouls.

Cela acheva de décider le médecin.

— Au fait, dit-il, le cas est peut-être curieux.

Il était, hélas ! fort triste pour nous, et bien inquiétant : le pauvre M. Joli-Cœur était menacé d’une fluxion de poitrine.

Ce petit bras qu’il avait tendu si souvent, fut pris par le médecin, et la lancette s’enfonça dans sa veine, sans qu’il poussât le plus petit gémissement.

Il savait que cela devait le guérir.

Puis après la saignée vinrent les sinapismes, les cataplasmes, les potions et les tisanes.

Bien entendu, je n’étais pas resté dans le lit ; j’étais devenu garde-malade sous la direction de Vitalis.

Le pauvre petit Joli-Cœur aimait mes soins et il me récompensait par un doux sourire : son regard était devenu vraiment humain.

Lui naguère si vif, si pétulant, si contrariant, toujours en mouvement pour nous jouer quelque mauvais tour, était maintenant là, d’une tranquillité et d’une docilité exemplaires.

Il semblait qu’il avait besoin qu’on lui témoignât