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Page:Malot - Sans famille, 1887, tome 1.djvu/262

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SANS FAMILLE


XVII


UN PADRONE DE LA RUE DE LOURCINE


Bien que tout ce qui nous entourait me parût horrible, j’ouvris les yeux et j’oubliai presque la gravité de ma situation pour regarder autour de moi.

Plus nous avancions dans Paris, moins ce que j’apercevais répondait à mes rêveries enfantines et à mes espérances imaginatives : les ruisseaux gelés exhalaient une odeur de plus en plus infecte ; la boue, mêlée de neige et de glaçons, était de plus en plus noire, et là où elle était liquide, elle sautait sous les roues des voitures en plaques épaisses qui allaient se coller contre les devantures et les vitres des maisons occupées par des boutiques pauvres et malpropres.

Décidément, Paris ne valait pas Bordeaux.

Après avoir marché assez longtemps dans une large rue moins misérable que celles que nous venions de traverser, et où les boutiques devenaient plus grandes et plus belles à mesure que nous descendions, Vitalis tourna à droite, et bientôt nous nous trouvâmes dans un quartier tout à fait misérable : les maisons