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Page:Malot - Sans famille, 1887, tome 1.djvu/277

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SANS FAMILLE

Son premier coup d’œil fut pour moi, un coup d’œil qui me fit froid au cœur.

— Qu’est-ce que c’est que ce garçon ? dit-il.

Mattia lui répondit vivement et poliment en lui donnant les explications dont Vitalis l’avait chargé.

— Ah ! Vitalis est à Paris, dit-il, que me veut-il ?

— Je ne sais pas, répondit Mattia.

— Ce n’est pas à toi que je parle, c’est à ce garçon.

— Le padrone va venir, dis-je, sans oser répondre franchement, il vous expliquera lui-même ce qu’il désire.

— Voilà un petit qui connaît le prix des paroles ; tu n’es pas Italien ?

— Non, je suis Français.

Deux enfants s’étaient approchés de Garofoli aussitôt qu’il était entré, et tous deux se tenaient près de lui attendant qu’il eût fini de parler. Que lui voulaient-ils ? J’eus bientôt réponse à cette question que je me posais avec curiosité.

L’un lui prit son feutre et alla le placer délicatement sur un lit, l’autre lui approcha aussitôt une chaise ; à la gravité, au respect avec lesquels ils accomplissaient ces actes si simples de la vie, on eût dit deux enfants de chœur s’empressant religieusement autour de l’officiant ; par là je vis à quel point Garofoli était craint, car assurément ce n’était pas la tendresse qui les faisait agir ainsi et s’empresser.

Lorsque Garofoli fut assis, un autre enfant lui apporta vivement une pipe bourrée de tabac et en même temps un quatrième lui présenta une allumette allumée.