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Page:Malot - Sans famille, 1887, tome 1.djvu/304

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SANS FAMILLE

— Partir.

— Où vas-tu ?

— Je ne sais pas.

— Tu as des amis à Paris ?

— Non.

— Des gens de ton pays ?

— Personne.

— Où est ton garni ?

— Nous n’avions pas de logement ; nous sommes arrivés hier.

— Qu’est-ce que tu veux faire ?

— Jouer de la harpe, chanter mes chansons et gagner ma vie.

— Où cela ?

— À Paris.

— Tu ferais mieux de retourner dans ton pays, chez tes parents ; où demeurent tes parents ?

— Je n’ai pas de parents.

— Tu disais que le vieux à barbe blanche n’était pas ton père ?

— Je n’ai pas de père.

— Et ta mère ?

— Je n’ai pas de mère.

— Tu as bien un oncle, une tante, des cousins, des cousines, quelqu’un.

— Non, personne.

— D’où viens-tu ?

— Mon maître m’avait acheté au mari de ma nourrice. Vous avez été bon pour moi, je vous en remercie bien de tout cœur, et, si vous voulez, je reviendrai di-