Page:Malot - Sans famille, 1887, tome 1.djvu/56

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
48
SANS FAMILLE

— Cet enfant regrette sa mère Barberin, dit Vitalis ; il ne faut pas le battre pour cela ; il a du cœur, c’est bon signe.

— Si vous le plaignez, il va hurler plus fort.

— Maintenant, aux affaires.

Disant cela, Vitalis étala sur la table huit pièces de cinq francs, que Barberin en un tour de main, fit disparaître dans sa poche.

— Où est le paquet ? demanda Vitalis.

— Le voilà, répondit Barberin en montrant un mouchoir en cotonnade bleue noué par les quatre coins.

Vitalis défit ces nœuds et regarda ce que renfermait le mouchoir ; il s’y trouvait deux de mes chemises et un pantalon de toile.

— Ce n’est pas de cela que nous étions convenus, dit Vitalis, vous deviez me donner ses affaires et je ne trouve là que des guenilles.

— Il n’en a pas d’autres.

— Si j’interrogeais l’enfant, je suis sûr qu’il dirait que ce n’est pas vrai. Mais je ne veux pas disputer là-dessus. Je n’ai pas le temps. Il faut se mettre en route. Allons, mon petit. Comment se nomme-t-il ?

— Rémi.

— Allons, Rémi, prend ton paquet, et passe devant Capi, en avant, marche !

Je tendis les mains vers lui, puis vers Barberin, mais tous deux détournèrent la tête, et je sentis que Vitalis me prenait par le poignet.

Il fallut marcher.

Ah ! la pauvre maison, il me sembla, quand j’en