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Page:Malot - Sans famille, 1887, tome 2.djvu/109

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SANS FAMILLE

— Pour ça, tout ce que tu voudras, nous avons l’eau à discrétion.

— Épuise la galerie.

Pagès voulut descendre, mais le magister ne le permit pas.

— Tu ferais ébouler un déblai ; Rémi est plus léger et plus adroit, il descendra et nous passera l’eau.

— Dans quoi ?

— Dans ma botte.

On me donna une botte et je me préparai à me laisser glisser jusqu’à l’eau.

— Attends un peu, dit le magister, que je te donne la main.

— N’ayez pas peur, quand je tomberais, cela ne ferait rien, je sais nager.

— Je veux te donner la main.

Au moment où le magister se penchait, il partit en avant, et soit qu’il eût mal calculé son mouvement, soit que son corps fût engourdi par l’inaction, soit enfin que le charbon eût manqué sous son poids, il glissa sur la pente de la remontée et s’engouffra dans l’eau sombre la tête la première. La lampe qu’il tenait pour m’éclairer roula après lui et disparut aussi. Instantanément nous fûmes plongés dans la nuit noire, et un cri s’échappa de toutes nos poitrines en même temps.

Par bonheur j’étais déjà en position de descendre, je me laissai aller sur le dos et j’arrivai dans l’eau une seconde à peine après le magister.

Dans mes voyages avec Vitalis j’avais appris assez à nager et à plonger pour me trouver aussi bien à mon