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Page:Malot - Sans famille, 1887, tome 2.djvu/133

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SANS FAMILLE

une de ces interruptions un bruit formidable s’éleva, un ronflement, un soufflement puissant.

— Les eaux tombent dans la mine, s’écria Carrory.

— Ce n’est pas l’eau, dit le magister.

— Qu’est-ce ?

— Je ne sais pas ; mais ce n’est pas l’eau.

Bien que le magister nous eût donné de nombreuses preuves de sa sagacité et de sa sûreté d’intuition, on ne le croyait que s’il appuyait ses paroles de raisons démonstratives. Avouant qu’il ne connaissait pas la cause de ce bruit (qui, nous l’avons su plus tard, était celui d’un ventilateur à engrenages, monté pour envoyer de l’air aux travailleurs), on revint avec une épouvante folle à l’idée de l’inondation.

— Allume la lampe.

— C’est inutile.

— Allume, allume !

Il fallut qu’il obéît, car toutes les voix s’étaient réunies dans cet ordre.

La clarté de la lampe nous fit voir que l’eau n’avait pas monté et qu’elle descendait plutôt.

— Vous voyez bien, dit le magister.

— Elle va monter ; cette fois il faut mourir.

— Eh bien, autant en finir tout de suite, je n’en peux plus.

— Donne la lampe, magister, je veux écrire un papier pour ma femme et les enfants.

— Écris pour moi.

— Pour moi aussi.

C’était Bergounhoux qui avait demandé la lampe pour écrire avant de mourir à sa femme et à ses en-