fants ; il avait dans sa poche un morceau de papier et un bout de crayon ; il se prépara à écrire.
— Voilà ce que je veux dire :
« Nous Gaspard, Pagès, le magister, Carrory et Rémi, enfermés dans la remontée, nous allons mourir.
« Moi, Bergounhoux, je demande à Dieu qu’il serve d’époux à la veuve et de père aux orphelins : je leur donne ma bénédiction. »
— Toi, Gaspard ?
« Gaspard donne ce qu’il a à son neveu Alexis. »
« Pagès recommande sa femme et ses enfants au bon Dieu, à la sainte Vierge et à la compagnie. »
— Toi, magister ?
— Je n’ai personne, dit le magister tristement, personne ne me pleurera.
— Toi, Carrory ?
— Moi, s’écria Carrory, je recommande qu’on vende mes châtaignes avant de les roussir.
— Notre papier n’est pas pour ces bêtises-là.
— Ce n’est pas une bêtise.
— N’as-tu personne à embrasser ? ta mère ?
— Ma mère, elle héritera de moi.
— Et toi, Rémi ?
« Rémi donne Capi et sa harpe à Mattia ; il embrasse Alexis et lui demande d’aller trouver Lise, et, en l’embrassant, de lui rendre une rose séchée qui est dans sa veste. »
— Nous allons tous signer.
— Moi, je vais faire une croix, dit Pagès.
— Maintenant, dit Bergounhoux, quand le papier eût été signé par tous, je demande qu’on me laisse mou-