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Page:Malot - Sans famille, 1887, tome 2.djvu/142

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SANS FAMILLE

— Combien ont été sauvés ? demanda l’oncle Gaspard.

On ne répondit pas.

— Demande où est Marius, dit Pagès.

La demande fut faite ; comme la première, elle resta sans réponse.

— Ils n’ont pas entendu.

— Dis plutôt qu’ils ne veulent pas répondre.

Il y avait une question qui me tourmentait.

— Demandez donc depuis combien de temps nous sommes là.

— Depuis quatorze jours.

Quatorze jours ! Celui de nous qui dans ses évaluations avait été le plus haut avait parlé de cinq ou six jours.

— Vous ne resterez pas longtemps maintenant. Prenez courage. Ne parlons plus, cela retarde le travail. Encore quelques heures.

Ce furent, je crois, les plus longues de notre captivité, en tous cas de beaucoup les plus douloureuses. Chaque coup de pic nous semblait devoir être le dernier ; puis, après ce coup, il en venait un autre, et après cet autre un autre encore.

De temps en temps les questions reprenaient.

— Avez-vous faim ?

— Oui, très-faim.

— Pouvez-vous attendre ? si vous êtes trop faibles, on va faire un trou de sonde et vous envoyer du bouillon, mais cela va retarder votre délivrance ; si vous pouvez attendre vous serez plus promptement en liberté.

— Nous attendrons, dépêchez-vous.

Le fonctionnement des bennes ne s’était pas arrêté