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Page:Malot - Sans famille, 1887, tome 2.djvu/187

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SANS FAMILLE

— C’est bien, c’est bien, interrompit vivement le juge de paix comme s’il voulait me couper la parole.

Mattia sortit, mais avant il eut le temps de me lancer un rapide coup d’œil pour me dire qu’il m’avait compris.

— On vous accuse d’avoir volé une vache, me dit le juge de paix en me regardant dans les deux yeux.

Je répondis que nous avions acheté cette vache à la foire d’Ussel, et je nommai le vétérinaire qui nous avait assistés dans cet achat.

— Cela sera vérifié.

— Je l’espère, car ce sera cette vérification qui prouvera notre innocence.

— Et dans quelle intention avez-vous acheté une vache ?

— Pour la conduire à Chavanon et l’offrir à la femme qui a été ma mère nourrice, en reconnaissance de ses soins et en souvenir de mon affection pour elle.

— Et comment se nomme cette femme ?

— Mère Barberin.

— Est-ce la femme d’un ouvrier maçon qui, il y a quelques années, a été estropié à Paris ?

— Oui, monsieur le juge de paix.

— Cela aussi sera vérifié.

Mais je ne répondis pas à cette parole comme je l’avais fait pour le vétérinaire d’Ussel.

Voyant mon embarras, le juge de paix me pressa de questions et je dus répondre que s’il interrogeait mère Barberin le but que nous nous étions proposé se trouvait manqué : il n’y avait plus de surprise.