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Page:Malot - Sans famille, 1887, tome 2.djvu/229

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SANS FAMILLE


XI


BARBERIN


Si je n’avais pas eu hâte d’arriver à Paris, je serais resté longtemps, très-longtemps avec Lise ; nous avions tant de choses à nous dire, et nous pouvions nous en dire si peu avec le langage que nous employions.

Lise avait à me raconter son installation à Dreuzy, comment elle avait été prise en grande amitié par son oncle et sa tante, qui, des cinq enfants qu’ils avaient eus, n’en avaient plus un seul, malheur trop commun dans les familles de la Nièvre, où les femmes abandonnent leurs propres enfants pour être nourrices à Paris ; — comment ils la traitaient comme leur vraie fille ; comment elle vivait dans leur maison, quelles étaient ses occupations, quels étaient ses jeux et ses plaisirs : la pêche, les promenades en bateau, les courses dans les grands bois, qui prenaient presque tout son temps, puisqu’elle ne pouvait pas aller à l’école.

Et moi, de mon côté, j’avais à lui dire tout ce qui m’était arrivé depuis notre séparation, comment j’avais failli périr dans la mine où Alexis travaillait, et com-