Ce fut Pajot que je rencontrai le premier sur mon chemin en descendant la rue Mouffetard. J’entrai assez bravement dans une gargote qui occupait le rez-de-chaussée d’une maison meublée ; mais ce fut d’une voix tremblante que je demandai Barberin.
— Qu’est-ce que c’est que Barberin ?
— Barberin de Chavanon.
Et je fis le portrait de Barberin, ou tout au moins du Barberin que j’avais vu quand il était revenu de Paris : visage rude, air dur, la tête inclinée sur l’épaule droite.
— Nous n’avons pas ça ! connais pas !
Je remerciai et j’allai un peu plus loin chez Barrabaud ; celui-là, à la profession de logeur en garni joignait celle de fruitier.
Je posai de nouveau ma question.
Tout d’abord j’eus du mal à me faire écouter ; le mari et la femme étaient occupés, l’un à servir une pâtée verte, qu’il coupait avec une sorte de truelle et qui, disait-il, était des épinards ; l’autre était en discussion avec une pratique pour un sou rendu en moins. Enfin ayant répété trois fois ma demande, j’obtins une réponse.
— Ah ! oui, Barberin… Nous avons eu ça dans le temps ; il y a au moins quatre ans.
— Cinq, dit la femme, même qu’il nous doit une semaine ; où est-il, ce coquin-là ?
C’était justement ce que je demandais.
Je sortis désappointé et jusqu’à un certain point inquiet : je n’avais plus que Chopinet ; à qui m’adresser, si celui-là ne savait rien ? où chercher Barberin ?