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SANS FAMILLE

L’espérance me revint, je me cramponnai à cette parole :

— Vous savez ?… dis-je.

— Je sais ce qu’il racontait, ce pauvre homme : qu’il avait trouvé et élevé un enfant, que maintenant la famille qui avait perdu cet enfant, dans le temps, voulait le reprendre, et que lui il était à Paris pour le chercher.

— Mais la famille ? demandai-je d’une voix haletante, ma famille ?

— Pour lors, c’est donc bien vous le garçon ? ah ! c’est vous, c’est bien vous !

Et tout en branlant la tête, elle me regarda en me dévisageant.

Mais je l’arrachai à son examen.

— Je vous en prie, madame, dites-moi ce que vous savez.

— Mais je ne sais pas autre chose que ce que je viens de vous raconter, mon garçon, je veux dire mon jeune monsieur.

— Ce que Barberin vous a dit, qui se rapporte à ma famille ? Vous voyez mon émotion, madame, mon trouble, mes angoisses.

Sans me répondre elle leva de nouveau les bras au ciel :

— En v’là une histoire !

En ce moment une femme qui avait la tournure d’une servante entra dans la pièce où nous nous trouvions ; alors la maîtresse de l’hôtel du Cantal m’abandonnant s’adressa à cette femme :

— En v’là une histoire ! Ce jeune garçon, ce jeune