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Page:Malot - Sans famille, 1887, tome 2.djvu/241

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SANS FAMILLE

un misérable garni. Il était tenu par une vieille femme à la tête tremblante et à moitié sourde.

Lorsque je lui eus adressé ma question ordinaire, elle mit sa main en cornet derrière son oreille et elle me pria de répéter ce que je venais de lui demander.

— J’ai l’ouïe un peu dure, dit-elle à voix basse.

— Je voudrais voir Barberin, Barberin de Chavanon, il loge chez vous, n’est-ce pas ?

Sans me répondre elle leva ses deux bras en l’air par un mouvement si brusque que son chat endormi sur elle sauta à terre épouvanté.

— Hélas ! hélas ! dit-elle.

Puis me regardant avec un tremblement de tête plus fort :

— Seriez-vous le garçon ? demanda-t-elle.

— Quel garçon ?

— Celui qu’il cherchait.

Qu’il cherchait. En entendant ce mot, j’eus le cœur serré.

— Barberin ! m’écriai-je.

— Défunt, c’est défunt Barberin qu’il faut dire.

Je m’appuyai sur ma harpe.

— Il est donc mort ? dis-je en criant assez haut pour me faire entendre, mais d’une voix que l’émotion rendait rauque.

— Il y a huit jours, à l’hôpital Saint-Antoine.

Je restai anéanti ; mort Barberin ! et ma famille, comment la trouver maintenant, où la chercher ?

— Alors vous êtes le garçon ? continua la vieille femme, celui qu’il cherchait pour le rendre à sa riche famille ?