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Page:Malot - Sans famille, 1887, tome 2.djvu/307

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SANS FAMILLE

sembla qu’il y ajoutait quelques mots que je ne compris pas, mais qui firent rire tout le monde, ma mère, les enfants, et mon grand-père aussi, qui cligna de l’œil à plusieurs reprises en criant : « fine dog », ce qui veut dire beau chien ; mais Capi n’en fut pas plus fier.

— Puisqu’il en est ainsi, continua mon père, voici ce que je vous propose ; mais avant tout, il faut que Mattia dise s’il lui convient de rester en Angleterre, et s’il veut demeurer avec nous.

— Je désire rester avec Rémi, répondit Mattia, qui était beaucoup plus fin qu’il ne disait et même qu’il ne croyait, et j’irai partout où ira Rémi.

Mon père, qui ne pouvait pas deviner ce qu’il y avait de sous-entendu dans cette réponse, s’en montra satisfait.

— Puisqu’il en est ainsi, dit-il, je reviens à ma proposition : Nous ne sommes pas riches, et nous travaillons tous pour vivre ; l’été nous parcourons l’Angleterre, et les enfants vont offrir mes marchandises à ceux qui ne veulent pas se déranger pour venir jusqu’à nous ; mais l’hiver nous n’avons pas grand’chose à faire ; tant que nous serons à Londres, Rémi et Mattia pourront aller jouer de la musique dans les rues, et je ne doute pas qu’ils ne gagnent bientôt de bonnes journées, surtout quand nous approcherons des fêtes de Noël, de ce que nous appelons les waits ou veillées. Mais comme il ne faut pas faire du gaspillage en ce monde, Capi ira donner des représentations avec Allen et Ned.

— Capi ne travaille bien qu’avec moi, dis-je vive-