Aller au contenu

Page:Malot - Sans famille, 1887, tome 2.djvu/313

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
305
SANS FAMILLE


XVI


LES BEAUX LANGES ONT MENTI


À toutes mes avances, mes frères Allen et Ned n’avaient jamais répondu que par une antipathie hargneuse, et tout ce que j’avais voulu faire pour eux, ils l’avaient mal accueilli : évidemment je n’étais pas un frère à leurs yeux.

Après l’aventure de Capi, la situation se dessina nettement entre nous, et je leur signifiai, non en paroles, puisque je ne savais pas m’exprimer facilement en anglais, mais par une pantomime vive et expressive, où mes deux poings jouèrent le principal rôle, que s’ils tentaient jamais la moindre chose contre Capi, ils me trouveraient là pour le défendre ou le venger.

N’ayant pas de frères, j’aurais voulu avoir des sœurs ; mais Annie, l’aînée des filles, ne me témoignait pas de meilleurs sentiments que ses frères ; comme eux, elle avait mal reçu mes avances, et elle ne laissait point passer de jour sans me jouer quelque mauvais tour de sa façon, ce à quoi, je dois le dire, elle était fort ingénieuse.