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SANS FAMILLE


XVII


L’ONCLE D’ARTHUR : — M. JAMES MILLIGAN.


Si j’avais été à la place de Mattia, j’aurais peut-être eu autant d’imagination que lui, mais dans ma position les libertés de pensée qu’il se permettait m’étaient interdites.

C’était de mon père qu’il s’agissait.

Pour Mattia, c’était de master Driscoll, comme il disait.

Et quand mon esprit voulait s’élancer à la suite de Mattia, je le retenais aussitôt d’une main que je m’efforçais d’affermir.

De master Driscoll Mattia pouvait penser tout ce qui lui passait par la tête ; pour lui, master Driscoll était un étranger à qui il ne devait rien.

À mon père, au contraire, je devais le respect.

Assurément il y avait des choses étranges dans ma situation, mais je n’avais pas la liberté de les examiner au même point de vue que Mattia.

Le doute était permis à Mattia.

À moi, il était défendu.